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Défiance politique : le cas français

Editorial du « Monde ». La verticalité du pouvoir, accentuée par la gestion de la crise sanitaire, entretient le fossé entre dirigeants et citoyens, au risque de rendre les mesures anti-Covid-19 moins acceptables.

Publié le 22 février 2021 à 10h37, modifié le 22 février 2021 à 16h20 Temps de Lecture 2 min.

Emmanuel Macron, à l’Elysée, le 19 février.

Editorial du « Monde ». D’ordinaire, le retour des beaux jours fait du bien au moral. Il risque cette fois de prendre l’allure d’une nouvelle épreuve. Le soleil incite aux promenades, à la convivialité, à l’insouciance après les longs mois d’hiver, mais le relâchement reste impossible. Il faut encore tenir sans perspective claire sur les effets de la politique vaccinale.

Pour l’exécutif, qui gère depuis un an l’interminable crise sanitaire, les mois à venir s’annoncent périlleux. Au tout début de l’épidémie, la peur rendait acceptables des dispositifs contraignants. Depuis, elle a fortement reculé, faisant place chez nos concitoyens, comme chez nos voisins italiens, à du découragement. Tel est le premier enseignement du « Baromètre de la confiance politique » du Cevipof, dont Le Monde publie les principaux résultats : 41 % des Français disent en premier lieu éprouver de la lassitude et 34 % de la morosité. Ces deux sentiments sont en forte augmentation par rapport au mois d’avril 2020, tandis que la crainte recule de treize points. L’évolution est sensiblement identique en Italie, où 40 % des sondés disent exprimer de la lassitude. En revanche, le moral des Britanniques et des Allemands résiste, en dépit des fortes contraintes sanitaires qu’ils subissent.

Eviter la colère

Parce qu’il était conscient de la fragilité psychologique du pays, Emmanuel Macron a refusé, fin janvier, de décréter un troisième confinement national, au moment où une partie du corps médical le réclamait. Le soulagement qui a accompagné la décision présidentielle a certainement contribué à rendre acceptable le couvre-feu à 18 heures. Mais, plus les jours vont rallonger, plus il va être difficile d’assigner à résidence des jeunes et des moins jeunes qui, depuis douze mois, ont appris à vivre avec le virus. Autant la première phase de l’épidémie autorisait des mesures jupitériennes, autant les mois qui nous séparent de la fin de la pandémie vont quasiment nécessiter un sur-mesure afin d’éviter la colère des uns et de limiter la déprime des autres. D’autant qu’à la crise sanitaire s’ajoutent désormais de fortes appréhensions liées à ses conséquences économiques, sociales et financières.

Dans les sondages, Emmanuel Macron apparaît conforté par ses dernières décisions : la moitié des Français disent avoir une bonne opinion de lui, selon le baromètre IFOP/Paris Match publié jeudi 18 février. Pourtant, et c’est le deuxième enseignement de l’enquête du Cevipof, l’Hexagone continue de souffrir d’une défiance politique bien plus forte que ses voisins : seulement 37 % des Français jugent que leurs dirigeants ont bien géré la crise sanitaire, alors que 56 % des Allemands et 52 % des Italiens approuvent l’action de leurs gouvernements respectifs.

Cette spécificité ne tient pas à une perte de confiance dans le modèle français ni à un déclin de la foi dans la démocratie. Au contraire. Elle s’explique par un fonctionnement de la vie politique de moins en moins satisfaisant : la verticalité du pouvoir, favorisée par la VRépublique, encouragée par Emmanuel Macron et accentuée par la gestion de la crise, contribue à entretenir le fossé entre les dirigeants et les citoyens, alors même que la politique du « quoi qu’il en coûte » aurait dû, en partie, combler le fossé. Remisée au second plan de l’actualité, la réflexion sur le fonctionnement des institutions apparaît non seulement nécessaire, mais vitale pour accompagner la sortie de crise.

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